Les Apple Vision Pro : un aperçu des lunettes de réalité augmentée d’Apple

Les Apple Vision Pro sont les Tesla Roadster. Il faudra du temps avant que notre Model 3 n’arrive. Apple est généralement lente. Elle ne se laisse pas emporter par le battage médiatique car elle préfère imposer le sien. Ces dernières années, elle n’a pas lancé de téléphones pliables et n’a rien préparé pour le metaverse. Même lors de la présentation d’hier, elle n’a pas prononcé les mots “intelligence artificielle”, bien que bon nombre de ses lancements le méritaient.

En échange, elle ne présente de nouveaux produits que lorsqu’elle est fermement convaincue d’avoir atteint la perfection, et même s’ils ont besoin d’améliorations, les produits arrivent progressivement. Maintenant, elle a entamé un chemin qui sera beaucoup plus long que d’habitude.

Ce n’est pas seulement la batterie. Les Vision Pro sont impressionnantes, mais elles donnent aussi l’impression d’être un produit inachevé. Regarder un film, un match ou travailler pendant un moment avec ces énormes écrans virtuels et les possibilités qu’ils offrent est une expérience éphémère, car les “jusqu’à deux heures” annoncées par leur batterie, qui plus est en étant suspendue à un câble, ne permettent pas de terminer de nombreuses expériences. Du moins, sans les interrompre avant de changer de batterie. Il est également possible de les utiliser en les branchant sur le courant, mais cela limite considérablement la mobilité ou l’endroit où nous pouvons les utiliser.

Quoi qu’il en soit, la batterie ne découragera probablement pas autant d’acheteurs que son prix. 3 500 dollars, il faudra voir comment cela se traduit en euros, mais en guise d’exemple, le MacBook Pro 16″ M2 Max qui coûte exactement cette somme là-bas coûte 4 200 euros ici, nous pourrons donc nous estimer heureux si la conversion n’excède pas les 4 000 euros.

Ce prix marquerait des ventes qui, selon Bloomberg, ont diminué par rapport aux estimations précédentes d’Apple. De trois millions à un million… puis à 900 000 unités par an. Si elle les atteint, cela représentera environ 3,15 milliards de dollars de chiffre d’affaires. En déduisant la marge nette habituelle du matériel Apple, d’environ 20 %, il resterait environ 630 millions de dollars nets par an. Soit 0,6 % de son bénéfice en 2024.

Ce 0,6 % n’est rien pour une entreprise comme Apple. Ce n’est rien pour un appareil qui a créé sa propre division, du moins dans la catégorisation du site web de l’entreprise. Apple n’a pas voulu l’inclure dans une sous-section quelconque et ces lunettes sont en tête de leur propre menu.

Apple a abandonné les iPhone mini car ils représentaient une part de marché de 5 % dans la division iPhone. Quel intérêt peut-elle avoir pour un appareil qui a demandé autant de ressources pour son développement et qui, selon les chiffres actuels rapportés par Bloomberg, représente environ 0,6 % de son bénéfice ? La réponse réside dans

le long terme. Dans une situation radicalement différente pour l’entreprise, le Macintosh de 1984 se vendait à 2 500 dollars (environ 7 600 dollars d’aujourd’hui). Quelque chose à la portée de très peu de personnes.

Les Mac ont réduit leur prix à mesure que l’échelle et la technologie le permettaient, et depuis longtemps déjà, les Mac les moins chers (MacBook blanc, MacBook Air ou Mac mini) peuvent être achetés pour moins de quatre chiffres.

Il faudra quelque chose de similaire à long terme pour que des appareils comme les Vision Pro fonctionnent à grande échelle. Comme le plan d’Elon Musk : fabriquer une voiture de sport, utiliser les bénéfices pour fabriquer une voiture plus abordable et réutiliser ces nouveaux bénéfices pour en créer une encore plus abordable. Roadster, Model S, Model 3. Peut-être que les lunettes de réalité augmentée de demain devront se passer de composants plus superflus, ou à ce moment-là, leurs composants auront déjà baissé de prix, la concurrence proposera des alternatives similaires à des prix raisonnables, ou Apple aura atteint une certaine échelle qui lui permettra de baisser ses prix. Ou une combinaison de tous ces éléments. Et ainsi, elle pourra commencer à proposer la réalité augmentée sans que cela implique un prix qui exclut une grande partie de sa clientèle habituelle.

Sinon, elle sera inévitablement cantonnée à un créneau très restreint. Cela n’intéressera guère une entreprise qui s’est caractérisée par son abandon de tout créneau pour s’adresser au public mondial afin de faire croître son chiffre d’affaires selon les exigences de son conseil d’administration. Mais cela n’arrivera guère en peu de temps.

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